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La Voluspa

Джерело: Chants populaires du Nord. Xavier Marmier. Paris, Charpentier, Libraire-Éditeur, 29, Rue de Seine. 1842.

Prédiction de la devineresse.

 

La Voluspa, ou prédiction de la devineresse, est l'un des chants cosmogoniques les plus étranges, les plus saisissants qui existent. Elle renferme dans ses strophes décousues, sous ses formes voilées, l'essence même des principaux dogmes scandinaves. C'est une femme qui récite ce poème, et cette femme n'a pas de nom; c'est la Vala mystérieuse, la devineresse, la sibylle des régions septentrionales, que l'inspiration enflamme, et qui, debout au milieu de l'espace, l'œil hagard, la tête échevelée, raconte avec enthousiasme et terreur les choses du passé et celles de l'avenir. A chaque fait qu'elle articule en mots entrecoupés et pour ainsi dire malgré elle, une voix lu crie: Ne sais-tu rien de plus? Et, pour obéir à cette voix puissante qui interroge et ordonne, la prophétesse tremblante fait un nouvel effort, recueille ses souvenirs et dit ce qu'elle a appris parmi les êtres qui savent tout. Elle dit l'origine du monde, le cours du soleil et de la lune, la création des nains et celle du premier homme. Elle voit les dieux assis sur leurs sièges suprêmes et s'entretenant des guerres du ciel et des événements de la terre. Elle raconte comment Odin a mis son œil en gage pour recevoir les leçons de Mimer, comment mourra Balder, le dieu chéri des êtres célestes et des hommes, et comment sera châtié Loki, l'infatigable esprit du mal. Elle pénètre par la pensée dans l'empire des ténèbres; elle volt la dernière catastrophe du monde, et les génies de la destruction qui rompent leurs chaines; elle voit le combat des dieux et des êtres funestes, les étoiles qui tombent du ciel, l'arbre du temps qui s'embrase, la terre qui roule dans l'abime; puis le nouveau monde, le monde jeune, frais, riant, qui succède à l'antique création, dont elle vient de peindre le bouleversement.

Les femmes jouaient un grand rôle parmi les Scandinaves: à chaque instant leur nom se trouve dans les sagas, joint à celui des guerriers les plus courageux et des héros les plus célèbres. Ce sont elles qui arrachent du sein des combattants les flèches envenimées, qui pansent les blessures et guérissent les malades; ce sont elles qui, à la table des Jarls, versent la boisson écumante dans la large coupe, et récompensent par un sourire ou une parole d'amour le courage des Viking; ce sont elles enfin qui cherchent à pénétrer les secrets du temps et prédisent l'avenir. Tacite nous a dit avec quelle vénération les Germains parlaient de Velléda. Les Scandinaves, tout en traitant leurs femmes comme des esclaves, avaient cependant pour elles, dans certaines occasions, le même sentiment de vénération. Les dogmes mythologiques leur enseignaient que c'étaient des femmes qui présidaient aux destinées humaines, des femmes qui venaient sur le champ de bataille rassembler les morts pour les emporter dans la demeure d'Odin.

 

J'invite à l'attention tous les êtres sacrés, les enfants de Heimdall[1] grands et petits. Je veux raconter les mystères du père suprême; je me rappelle les choses antiques.

Je me souviens des Jotes, les premiers nés. Ce sont eux qui m'ont donné des leçons. Je connais neuf mondes, neuf cieux, et l'arbre magnifique planté sur la terre.

C'était au commencement du temps. Ymer régnait. Il n'y avait ni sable, ni mer, ni vagues fraîches. Nulle part on ne trouvait la terre ni le ciel élevé. Il y avait le gouffre béant et point d'herbe.

Les fils du Bure élevèrent le firmament. Ils bâtirent le superbe Midgaard[2]. Le soleil éclaira du midi les murailles de la demeure. La terre se couvrit de plantes vertes.

Le soleil du sud répand ses faveurs sur la lune, à la droite de la porte du ciel. Le soleil ne savait pas où était sa demeure. Les étoiles ne savaient pas où étaient leurs places. La lune ne savait pas quel était son pouvoir.

Alors toutes les puissances allèrent sur les siéges élevés. Les dieux saints délibérèrent. Ils donnèrent un nom à la nuit et au premier quartier de la lune. Ils en donnèrent un au matin et au milieu du jour, au crépuscule et au soir, pour mesurer l'année.

Les ases se rencontrent dans la vallée d'Ida. Ils bâtissent un sanctuaire et une enceinte élevée. Ils établissent des fourneaux, forgent des minéraux précieux, fabriquent des tenailles et des ustensiles.

Ils jouent aux dés dans leur enceinte et sont joyeux. L'or ne leur manque pas. Alors arrivèrent trois jeunes filles thurses[3] puissantes du monde des Jotes[4].

Les dieux sacrés, les grandeurs s'en vont sur leurs siéges élevés, et tiennent conseil pour décider qui formerait la race des nains de la chair de Brimir, des os du géant livide.

Modsognir fut le premier de tous les nains; Durinn fut le second. Plusieurs autres furent formés de terre à l'image des hommes, selon les instructions de Durinn.

Nyi et Nithi, Nurthri et Surthri, Austri et Vestri, Althiofr, Dvalinn, Naer et Nainn, Nippingr, Dainn, Vefgr , Gandalir, Vindalfr, Thorinn.

Bifurr, Bafaur, Brumbur, Nori, Anar, Onar, Aï, Miœthvitnir, Thrar et Thraïnn, Thror, Vitr, Litr, Nyr et Nyrathr, Reginn et Rathsvithr. Maintenant j'ai au juste énuméré les nains.

Fili, Kili, Fundinn, Nali, Hepti, Vili, Hanar et Svior, Billingr, Bruni, Bildur, Bursi, Frar, Fornbogi, Frœgr et Loni, Aurvangr, Vari, Tikinskialdi.

Il est temps de compter pour les enfants des hommes les nains de la tribu de Dvalin ju{s}qu'à Lofar. Ceux-ci, fuyant des roches de la demeure, ont cherché un refuge à Aurvanga et jusqu'à Joravalla.

C'est Draupnir et Dolgthrasir, Har, Haugspori, Hlevangr, Gloi, Skirvivir, Skafithr, Ai, Alfr et Yngui, Titr et Oinn.

Fialar et Frosti, Finnr et Ginnar, Heri, Hœgstari, Hliotholfr, Moinn, cette nombreuse race de Lofar vivra tant qu'il y aura des hommes dans le monde[5].

Trois ases de l'assemblée, trois ases bons et puissants descendent vers la mer. Ils trouvent sur la terre chétive Ask et Embla sans destinée.

Ask et Embla n'avaient ni âme, ni intelligence, ni sang, ni mouvement, ni couleur riante. Odin donna l'âme, Hoenir l'intelligence, Lothur le sang et la couleur riante.

Je connais un frêne (Ask) que l'on nomme Yggdrasill, arbre chevelu humecté par une brume blanche. De là vient l'humidité (la pluie et la rosée) qui tombe dans la vallée. Il reste toujours vert sur la source d'Urd.

Là viennent les vierges qui savent beaucoup. Elles viennent de la source qui est près de l'arbre. L'une se nomme Urd (passé), l'autre Verdandi (présent). Elles gravent des tablettes. La troisième est Skuld (avenir). Elles donnent des lois, elles déterminent la vie, et fixent la destinée des enfants des hommes.

 

Je me rappelle la première guerre du monde, quand ils percèrent Guldveige avec des piques et la brûlèrent dans la demeure du Très-Haut. Trois fois brûlée, trois fois elle renaît. Souvent brûlée de nouveau, elle vit encore.

On l'appelle Heidur (richesse, argent) dans les maisons où elle entre. Elle méprise la science de la prophétesse. Elle connaît la magie, elle joue avec la magie, et fait toujours les délices des méchants.

Alors les dieux saints, les grandeurs s'en vont sur les siéges élevés, et tiennent conseil pour décider si les ases devaient expier le meurtre, si les dieux devaient en recevoir le prix.

La palissade de la forteresse des ases est rompue. Les vanes[6] ont su, par leur ruse, ouvrir les remparts. Odin lance son javelot. La Vala se souvient de cette guerre, la première du monde.

 

Alors les dieux saints, les grandeurs s'en vont sur les siéges élevés, et tiennent conseil pour décider qui avait le premier répandu le poison dans l'air et livré la fiancée d'Odin à la race des géants.

Thor[7] est là enflammé de colère. Rarement il reste en repos, quand il apprend de telles choses. Les serments furent violés, les promesses positives, les conventions faites de part et d'autre furent rompues.

 

Vola sait que le cor de Heimdall est caché sous la voûte du ciel, sous l'arbre sacré. Elle voit le fleuve écumant qui se précipite de l'œil du père suprême. – En savez-vous plus? Quoi? Elle était assise seule, lorsqu'il s'approcha, le vieux, le plus avisé des ases; elle le regarda dans les yeux. – Pourquoi m'interroger? pourquoi me mettre à l'épreuve? Je sais tout, Odin. Je sais où ton œil est caché dans la source de Mimer. Chaque matin Mimer boit la bière dans le gage du père suprême. – En savez-vous plus? Quoi?

Le père des armées choisit pour elle des anneaux et des bijoux, les riches chants de la sagesse et l'esprit de prophétie. Alors sa vue plongea au long et au large dans chaque monde.

 

Elle voit les Valkyries accourant de loin à cheval pour se rendre auprès de la race des dieux. Skuld porte le bouclier. Skœgul est la seconde. Vient ensuite Gunnar, Hildur, Gœndul, Geirskogul. Voilà que j'ai compté les vierges d'Odin, les Valkyries qui galopent dans les champs.

J'ai vu la destinée réservée à Balder, victime sanglante, fils d'Odin. Dans une belle vallée s'élevait et grandissait un gui faible, mais beau. De cette tige si tendre en apparence provint le trait dangereux et fatal que Hœder lança.

Le frère de Balder venait de naître. Agé d'une nuit, ce fils d'Odin prit l'arme du combat. Il ne se lava pas les mains, il ne peigna pas sa chevelure avant qu'il eût porté au bûcher l'adversaire de Balder. Mais Frigg pleure dans Fensalir le malheur du Valhalla. – En savez-vous plus? Quoi?

 

Vola voit, couché près de Hverahund, un méchant corps, l'affreux Loki. En vain il secoue les funestes liens de Vali. Elles sont trop fortes, ces cordes de boyaux. Audessus de son mari est assise Sigyne, qui n'est pas réjouie. – En savez-vous plus? Quoi?

Un fleuve tombe à l'est dans la vallée du Venin, un fleuve de fange et de limon. On l'appelle Slidur (cruel). Vers le nord, dans les champs de Nida (obscurité), s'élève la salle d'or de la race de Sindri. A Okolnir s'élève la salle de banquet du géant qui s'appelle Brimir.

Elle voit une autre salle située au Nastrond (rivage des morts), loin du soleil. Les portes en sont tournées du côté du nord. Des gouttes de venin y tombent par chaque ouverture. La salle est formée de dos de serpents.

Elle voit se traîner dans les eaux épaisses les parjures, les meurtriers, et celui qui séduit la femme d'un autre. Nidhoggr suce les cadavres de ceux qui descendent là. Le loup les déchire. – En savez-vous plus? Quoi?

 

A l'orient, elle est assise, la vieille, dans le Jarnvid (les champs de fer), et nourrit la progéniture de Fenris[8].

Un des êtres de cette race, sous la forme d'un monstre, engloutira la lune.

Il se repaît de la vie des lâches, il tache de gouttes rouges le siége des dieux. La lumière du soleil s'obsscurcit à la fia de l'été, le vent et la brise deviennent des tempêtes. – En savez-vous plus? Quoi?

Assis sur une hauteur, il fait vibrer sa harpe, le gardien des géants, le joyeux Egdir. Près de là, dans la forêt des oiseaux, chaule le beau coq rouge que l'on nomme Fialar.

Près des ases chante Gullinkambi, qui éveille les héros chez le père des armées. Mais un autre coq, d'un rouge foncé, chante sous la terre, dans les demeures de Hela.

Garmr (le chien des enfers) pousse d'affreux hurlements devant Gnypahall. Les chaînes se briseront, le loup s'échappera. Elle sait beaucoup de choses, la prophétesse, elle voit de loin le crépuscule des ases, la chute des dieux de la victoire.

Les frères combattront et se tueront l'un l'autre; les liens de la parenté seront rompus. Le mal est dans le monde. La luxure règne. Voici l'âge des haches, l'âge des épées, où les boucliers sont brisés. Viendra l'âge des tempêtes, l'âge des loups , avant que le monde tombe. Alors nul hom ne ne fera grâce à l'homme.

 

Les fils de Mimer jouent aux sons du cor de Giallar. L'arbre du milieu s'embrase. Heimdall élève son cor en l'air et sonne fortement. Odin interroge la tête de Mimer.

Le vieux frêne Ygydrasill frémit et tremble. Le géant s'échappe de ses chaînes. Garmr pousse d'affreux hurlements devant Gnyppahall. Les chaînes se brisent, le loup s'échappe.

Hrym vient de l'Orient, la mer s'enfle; Jormungand se tord dans sa rage de géant. Le serpent soulève les vagues. L'aigle pousse un cri de joie. Le bec jaune déchire les cadavres et Naglfar[9] est détaché.

Ce navire vient de l'Orient, les fils du Muspell voguent sur la mer. Loki tient le gouvernail. La race entière du monstre navigue avec le loup. Le frère de Bileist est avec eux.

Surtur arrive du midi avec les flammes tremblantes. Le soleil brille sur le glaive des dieux guerriers. Les rochers craquent, les géantes tremblent. L'homme suit le chemin de l'enfer, et le ciel se fend.

Qu'arrive-t-il des ases? Qu'arrive-t-il des elfes? Le monde des géants mugit. Les ases tiennent conseil. Les nains gémissent à la porte des cavernes de pierre, les nains, ces sages habitants des montagnes. – En savez-vous plus? Quoi?

Alors une autre douleur s'empare de Hline, quand Odin se met en marche pour combattre le loup. Tandis que le meurtrier de Bele résiste à Surtur, le dieu bienaimé de Frigga succombe.

Mais il s'avance, le fils du père de la victoire, il s'avance, Vidar, pour combattre le monstre affreux. Il plonge son épée dans la gueule du descendant des géants et l'enfonce jusqu'au cœur. Ainsi le père est vengé.

Voici venir le fils superbe de Hlodyna, il s'approche, le descendant d'Odin, pour combattre le serpent. Le défenseur de Midgard le frappe rudement. Les héros ensanglantent tous la colonne de leur demeure. Il recule de neuf pas, le fils de Fiorgune, mordu par la vipère qui ne craint rien.

Le soleil s'obscurcit. La terre tombe dans la mer. Les étoiles brillantes disparaissent du ciel. La fumée flotte autour du feu destructeur. La flamme gigantesque monte jusqu'au ciel.

 

Elle voit surgir de l'Océan une terre nouvelle, une terre verte et riante. Des cascades y tombent, l'aigle plane sur les hauteurs épiant le poisson.

Les ases se rencontrent dans la vallée d'Ida, et jugent avec autorité. Ils se souviennent des jugements des dieux et des runes anciennes de Fimbultyr.

Ils retrouvent sur l'herbe les merveilleuses tablettes d'or que les chefs des dieux et la race de Fiœlnir possédaient au commencement des temps.

Les champs portent des fruits sans être ensemencés. Tout mal disparaît. Balder revient. Balder et Hoder, dieux puissants, habitent les heureuses demeures de Hroptr. – En savez-vous plus? Quoi?

Alors Haenir peut choisir sa part, et les fils des deux frères habitent les larges régions du vent. – Eu savez-vous plus? Quoi?

Elle voit s'élever sur le Gimli une salle plus brillante que le soleil, couverte d'or. Là demeurent les tribus fidèles. Elles y jouissent d'une éternelle félicité.

L'être puissant qui gouverne tout vient d'en haut présider aux jugements des dieux. Il adoucit les sentences, étouffe les discussions, et établit une paix sacrée qui durera à jamais.

Le sombre dragon volant arrive de l'empire des ténèbres. Il étend ses ailes, plane sur la vallée, au-dessus des cadavres. Maintenant il tombe dans l'abîme.

 

Примітки:

[1] Enfanté par neuf sœurs. C'est le gardien de la demeure des dieux. Au jour où les méchants esprits rompront leurs chaines, il doit sonner de la trompette pour appeler les ases au combat.

[2] Ce terme désigne tout à la fois et le centre de la terre et la forteresse bâtie par les Asas.

[3] Espèce de géants et de magiciens.

[4] Géants ennemis des dieux.

[5] Chacun de ces noms a une signification: les nains sont les génies des éléments; les uns peuplent les airs, d'autres les entrailles des montagnes, et quatre d'entre eux supportent les piliers sur lesquels repose la terre.

[6] Ennemis des ases, ou des dieux.

[7] Dieu de la force et du tonnerre.

[8] Le loup effroyable qui combattra contre les dieux à la fin du monde.

[9] Le plus grand navire qu'on ait jamais vu. Il est construit avec les ongles des morts, et porte les ennemis des dieux.

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